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Émile de Girardin

« On confond ensemble la liberté de la presse et le journalisme. On a tort.
Le journalisme est une exploitation mercantile de l’opinion et des passions d’autrui, un atelier où se lamine le mensonge, une boutique où se débite l’erreur à l’enseigne et au profit de tel ou tel parti.
La liberté de la presse, telle qu’elle a été sagement définie par notre Charte constitutionnelle, est le droit que les Français ont de publier et de faire imprimer leurs opinions en se conformant aux lois.
La liberté de la presse est un droit politique. Le journalisme est une profession commerciale.
La liberté de la presse est une institution. La tyrannie du journalisme est une usurpation. » (Girardin, 1838)

Le «Napoléon de la presse»

Emile de Girardin (1806-1881) fonde son premier périodique en 1828, Le Voleur, dont le titre évoque le fait qu’il y reproduit sans autorisation préalable une sélection d’articles parus dans des revues et des journaux de province.

En 1829 il lance le magazine féminin La Mode, avec gravures en couleur et chroniques mondaines, puis Le Journal des connaissances utiles, à vocation éducative et documentaire, en 1831.

En lançant en 1836 « le journal à bon marché » avec le quotidien La Presse, il bouscule l’entente tacite qui régnait entre les grands journaux (dont Le Constitutionnel et le Journal des débats) et l’Etat pour maintenir de hauts tarifs d’abonnement.
Girardin baisse de moitié le prix de l’abonnement, qui passe de 80 à 40 francs. Il introduit progressivement la publicité pour compenser cette perte et ouvre largement ses colonnes au roman-feuilleton pour élargir et fidéliser son public.
Jusque-là le «feuilleton» était une rubrique de bas de page dévolue à la critique littéraire et théâtrale. Girardin substitue à ces chroniques journalistiques des œuvres de fiction. Il fait appel aux auteurs les plus prometteurs de son époque, notamment Alexandre Dumas et Balzac.

Girardin rachètera divers journaux, dont La Liberté, le très populaire Petit Journal et Le Moniteur universel en 1872.

Elu député dès 1834, il s’opposera à toutes les mesures qui entravent la liberté de la presse, et sera un des artisans de la loi de 1881.
(Voir Reine Bürki. « Vers la liberté de la presse… » Bibliothèque municipale de Lyon, avril 2012)


Portrait d’Émile de Girardin – Carolus Durand, 1875

Sources:
Laurent Arzel. Gallica
Christian Delporte, France Archives
Wikipédia

Pour en savoir plus

Duel Girardin – Carrel, gravure de Tofani pour le Journal illustré (in Les grandes heures de la presse, Jeanneney)

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